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A la mémoire de nos Frères Félicien Huỳnh Công Lương, Edmond Nguyễn Văn Công,
Bonnard Hồ Đình Bá et d’autres frères et camarades qui sont malheureusement éteints…


Tout se passera,
Tout va disparaitre,
Seulement la mémoire reste…

Nguyễn Hồng Phúc - Montréal, Canada
(Taberd 12B2 Année scolaire 72-73)

Lasalle Taberd Saigon n'est pas un nom habituel pour les étudiants d'aujourd'hui, mais a été synonyme de "préparer l'étude à l'étranger après l'école secondaire». L'école est située au cœur de la ville animée de Saigon, au 53, rue Nguyễn Du. Le nom de cette école représente «une marque de confiance» que les étudiants diplômés sont prêts à partir à l'étranger pour poursuivre leur études universitaires.
J'ai quitté le lycée Hoàng Dieu à l'été rouge fatal 1972, après l'ordre de mobilisation émis pour tous les élèves masculins de l'école secondaire nés avant 1955. La plupart des élèves de cette génération devraient se rendre au service militaire obéissant l’ordre national.
Certain d'entre eux, dont moi-même a préféré de choisir l' alternative de ne pas aller au service militaire. J'ai eu 2 mois pour préparer l’examen du baccalauréat national 1ère partie. C’était très difficile à absorber un programme de toute l'année en dedans de deux mois. Je suis allé à Saigon afin de chercher les meilleurs professeurs pour la préparation des examens du baccalauréat.
Je me rappelle que je devrais prendre l'examen du baccalauréat dans la ville de Vĩnh Long pendant de 3 jours. Mon père et mon frère aîné faisaient la navette entre Soc Trang et Vĩnh Long pour suivre le progrès de mon examen. Étant donné que cet examen était un facteur clé de réussite de mon avenir, ils ont sacrifié leur temps à me soutenir pendant les 3 jours d'examen. Je passais ce baccalauréat avec de bonne note: «Mention Bien».
Mon frère aîné a toujours eu l'ambition de poursuivre ses études à l’étranger c'est pourquoi il a toujours essayé de me pousser afin d’obtenir un bon résultat d’examen du baccalauréat 2ème partie. Après la réussite du baccalauréat 1ère partie, il m'a convaincu de m'inscrire à la classe terminale à Taberd Saigon, où la plupart des diplômés de ce lycée sont allés à l'étranger pour poursuivre leurs études universitaires.
En Juillet 1972, mon frère et moi sommes venu rencontrer le frère Edmond Nguyen Van Công au lycée Taberd afin d’inscrire à la classe 12B2 et frère Edmond nous a informé que je devais répondre à 3 conditions pour être admis à cette institution privée catholique - tout d'abord, il faut obtenir une note minimale de «mention bien» au baccalauréat de la 1ère partie, d'autre part une lettre de recommandation du frère-directeur de Lasan Khánh Hưng – frère Gabriel Nguyễn Đăng Quang pour une bonne conduite académique et enfin un bulletin de note indiquant une bonne évaluation des professeurs de la classe de 11è année. Je me suis dit que la chance d'être admis à cette école était très mince parce que je répondais seulement la première condition et comment je pouvais obtenir la lettre de recommandation et du bulletin de note du 11è puisque j'ai déjà sauté cette classe. J'ai eu une semaine pour revenir avec un dossier complet si je voulais m'inscrire à cette école. Ensuite, j'ai proposé à mon frère: «Pourquoi ne pas essayer d'appliquer à une autre école publique comme Pétrus Ký, etc. comme tu le sais, ma chance d'être accepté à cette école est très mince?"
Nous sommes retournés à la ville de Sóc Trăng par la suite pour compléter le dossier d’application. J’allais à Lasan Khánh Hưng et rencontrais le professeur Phan Văn Nhiều qui était mon ancien professeur de mathématiques de 10B1 au lycée Hoàng-Diệu. Je lui ai expliqué mon plan de poursuivre les études terminales au lycée Taberd et il a tout compris. Il était convaincu que j'ai toujours été un bon élève et je méritais cette admission. Il m'a demandé de revenir demain pour la lettre.
Je suis rentré à la maison suite à Lasan Khánh Hưng. Dès que je rencontrais mon frère à la maison et il m'a dit avec joie: «nous avons le bulletin de note de 11è, ne t’inquiètes pas". J'étais vraiment surpris à cause de son habileté à corriger le grade 10B1 à 11B1, il s'agissait de changer le chiffre de 0 à 1. Je ne pouvais pas décrire mon sentiment à cette époque. Tout allait si bien et a dépassé toutes mes attentes.
La semaine suivante, je suis retourné à Lasalle Taberd et a présenté le dossier complet pour l'inscription au frère Edmond. Il a regardé le dossier et a déclaré: «C'est très bon et complet". J'étais ensuite accepté et j’avais finalement demandé au frère Edmond " frère, puisque je ne suis pas catholique, je voudrais demander l'exemption aux procédures religieuses en classe". Il m’a répondu: «Bien que cette école est une école privée catholique, mais nous avons accepté aussi les étudiants non-catholiques. Par conséquent, tu seras exempté de toutes procédures religieuses en classe, mais tu dois suivre toutes les règles existantes en place comme les autres élèves ". J'ai donc poursuivi la 12B2 classe dans cette école.
Retour de l'école le premier jour, j'étais ravi parce que j'avais une chance de porter de nouveau pantalon noir, chemise blanche avec le logo Taberd et de nouvelles chaussures. Je ne pouvais pas décrire mon sentiment à l’instant d’être debout devant la porte principale de l'école Taberd Saigon. Des nouveaux camarades de classe comme Nguyễn Ngọc Lâm, Trần Quang Nam, Lý Thanh Bình, Nguyễn Quang Thành, etc. sont venus me fournir l’aide dès le premier jour, car ils me regardaient comme un nouvel élève venant d'une petite ville. Tout était nouveau pour moi - nouvelle école, nouveaux camarades de classe, nouveaux professeurs et particulièrement nouvelle méthode d'enseignement...
La plupart des cours étaient donnés par les frères à l'exception des mathématiques (prof. Lê Mậu Thống), géographie (prof Đặng Đức Kim), sciences naturelles (prof Nguyễn Văn Đàng) et philosophie (prof Trương Đình Tấn) par des professeurs qui sont venus de l'école Chu Văn An ou d’ailleurs.
Après l'examen du premier semestre, mon nom était figuré dans le tableau d’honneur pour le cours "Bonne Conduite" (Công-dân) seulement.
Frère Edmond Nguyễn Văn Công qui enseignait le français et était aussi notre tuteur de classe, était donc très stricte à l'école. En classe il a discuté des sujets en dehors du contenu de cours (cours de langue 2) et a enseigné quelques mots de français ou de grammaires à chaque session, deux sessions de 3 heures par semaine. La plupart du temps il a parlé de la politique, la météo, des nouvelles et actualités...tout en français. Après le premier semestre j'ai commencé à être préoccupé par ce cours de français parce qu'il venait de couvrir que quelques chapitres du livre. Toutefois, nous avons réalisé que même l'apprentissage de quelques mots de français et de grammaires, mais nous avons très bien compris chaque mot. En fin de compte, nous avons appris beaucoup de mots et grammaires français à fond a la fin de l’année scolaire...
Frère Bonnard Hồ Đình Bá, originaire du centre du Vietnam a enseigné l'anglais à Taberd. Il invitait une américaine (Marian Thompson!) à la classe pour discuter de divers sujets en anglais. Après chaque chapitre, cette femme demandait aux étudiants une question ou une remarque et elle s'attendait à un volontaire pour lui répondre. Je me souvenais une fois qu’elle avait expliqué un sujet d’actualité et demandé ensuite des questions ou commentaires à la classe et personne ne leva la main pendant un certain temps. Par conséquent le frère Bonnard a pointé du doigt à un camarade de la rangée 2, assis à côté de moi. Mon camarade ne connaissait pas la réponse / commentaire à la question puis il a penché vers le bas, le doigt du frère a automatiquement pointé vers un autre camarade assis à la rangée 3 suivante. Cet élève ne savait pas non plus la réponse ni commentaire, il secoua sa tête ensuite. Heureusement, un autre étudiant dans le coin qui connaissait mieux l'anglais, enfin leva la main pour faire des commentaires. Après que la dame quittait la classe, le frère Bonnard disait à la classe «vous devez tous avoir honte, vous voulez aller à l'étranger pour poursuivre les études universitaires, mais vous ne pouviez pas répondre à une question? Quelle honte! J'ai rencontré le frère Bonnard dans une école catholique à Montréal à l'été 1975 et je lui ai rappelé cette histoire et il m’a répondu avec un petit sourire "ce sont mes exigences qui vous ont vraiment aidé à faire vos études confortablement à l'étranger après l'école secondaire!". Quelques années plus tard il a déménagé et vivait dans l’état de Maryland, États-Unis. Il est décédé en 1998.
Au cours de mes études à Taberd j'ai ressenti une concurrence acharnée entre les étudiants venant de différentes régions et de célèbres écoles secondaires tels que Pétrus Ký, Chu Văn An, Vỏ Trường Toản, Gia Long, Jean-Jacques Rousseau, Fraternité, Marie-Curie, etc.
Les étudiants de ces célèbres écoles à Saigon avaient beaucoup de motivation pour étudier très dur. Ils voulaient tous aller à l'étranger pour poursuivre leurs études comme il y avait beaucoup de bourses accordées aux étudiants réussissant le Baccalauréat II avec mention très élevée.
Je crois que de nature les gens ont le même niveau d'intelligence. Quand ils atteignent certain âge d’adulte, s’il y a une différence dans le talent et le succès c’est grâce à des circonstances et de l'environnement compétitif dans lequel ils vivent et absorbent l'éducation et l'expérience d'apprentissage dans la vie.
J'ai réussi l’examen du Baccalauréat de 2è partie à l’été 1973 avec une mention «assez bien» et une note élevée en français 15/20 qui dépassait largement l'exigence du ministère de l'Éducation pour poursuivre des études à l'étranger. Avant de préparer les bagages pour le Canada, j'ai aussi réussi l'examen d'admission à l’école des Hautes Technologies de l'Université de Saigon. J'ai hésité entre l'aventure fragile des études au Canada et une vie paisible au Vietnam avec une amie qui m'attendait dans ma ville natale Soc Trang.
Mes parents ont essayé de me convaincre d’aller à l'étranger parce qu'il n'y aurait aucun espoir pour moi de faire une bonne carrière avec un diplôme gagné au Vietnam puisque ma famille n'occupait pas une bonne classe sociale et un privilège dans cette société. Par conséquent, mes parents essayaient de me fournir des fonds nécessaires pour quitter le Viet Nam, en Novembre 1973, et je devrais me débrouiller le reste de ma vie au Canada ... Ce fut le début de ma vie indépendante ...
Arrivé au Canada au 1er Décembre, 1973, j'ai ressenti la concurrence plus dure / plus féroce en raison de la présence d'autres étudiants étrangers en provenance d'autres pays comme les chinois, français, américains, espagnols, italiens, philippins, japonais, égyptiens, libanais, américains du Sud, africains, etc. Puisque ma langue maternelle n'est ni anglais ni français, mes études ont été plus ou moins affectées tandis que d'autres élèves du programme français de Jean-Jacques Rousseau, Marie-Curie et Fraternité ont bien réussi dans leurs études. Après 4 ans d'étude en ingénierie j'ai finalement obtenu le diplôme d'ingénieur et ai commencé à travailler dans les différents domaines – l’aérotechnique, la cimenterie et les télécommunications…
Étant donné que j'ai grandi dans une petite ville et dans une famille moyenne, j'ai toujours rêvé d'avoir une vie bien meilleure pour ma famille et pour mon pays, j'ai décidé ensuite de poursuivre la maitrise en administration des affaires tout en travaillant à temps plein. J'ai obtenu finalement un diplôme de MBA en finance et poursuivi à nouveau la maitrise du génie mécanique. Avec une vie solitaire et sans parents dans ce pays, j'ai décidé de me marier, peu après avoir obtenu mon diplôme en génie. La vie occupée au Canada avec une petite famille qui me fait écarter les anciens camarades de Taberd.
Dans un récent voyage de retour au Vietnam, j'ai trouvé un palmarès de Lasalle Taberd montrant toutes les activités pendant l'année scolaire 72-73. Il a également montré les étudiants honorés et des photos des élèves par classe et des frères, pique-nique et des activités musicales, remise des diplômes, les établissements scolaires, etc.
Malgré 38 ans de départ du lycée Taberd, l'esprit de compétition entre les camarades reste toujours inoubliable dans ma mémoire. La vie a changé avec le temps, des hauts et des bas, riches et pauvres, mais mon esprit est encore vivant avec le temps de la vieille école, où j’ai passé toute ma jeunesse.
A l'occasion de la mini-réunion des anciens camarades de classe de Taberd à Montreal – Đạo, Nguyễn Xuân Vũ, Nguyễn Ngọc Thuần, Việt et Tăng Hùng, la semaine dernière m'a rappelé tous ces souvenirs et m'a ramené à l'ancien temps de 1972. Cela m'a aussi donné une inspiration pour écrire ce mémoire.
Me rappelant aussi de tous ces frères et professeurs qui enseignent aux étudiants sans peine/sans relâche pour leur apprendre des leçons de vie et de leur préparer à un meilleur avenir.
Certains professeurs et frères ainsi que d'anciens camarades, malheureusement sont décédé et le reste d'entre nous sont plus âgés.
Ces anciens étudiants de Taberd, malgré le fait qu'ils vivent dans tous les coins du monde, n'oublieront jamais leur ancien lycée Taberd.
A travers cet article, je tiens à remercier sincèrement tous les frères de Taberd et professeurs qui nous ont fourni une excellente éducation.
Taberd Saigon est une école qui m’avait impressionné le plus dans mes années d'étude parce que c'est un endroit où je me sentais la compétition académique la plus dure/féroce dans ma vie et aussi elle a créé une base de connaissance très importante pour moi en vue de mes études universitaires au Canada en 1973. Comment puis-je oublier le dernier jour d'école lors de la cérémonie de fin d’année pour obtenir le palmarès et le bulletin de note. J'ai essayé de faufiler à travers la foule menant à la cour afin de voir les anciens camarades de Taberd qui effectuaient le gala musical lors de la cérémonie de remise des diplômes comme Joe Marcel, Trường Kỳ et la bande Tùng Giang, etc. Aujourd’hui les Frères Edmond Nguyễn Văn Công, Bonnard Hồ Đình Bá, SH Nguyễn Ngọc Lộ, le Frère-recteur Félicien Huỳnh Công Lương (Frère-recteur a décédé le 2 Mars-2010 à l'âge de 91 ans), les enseignants Lê Mậu Thống, Trương Đình Tấn, Nguyễn Văn Đàng, Đặng Đức Kim n’enseignent plus ici. Où vivent-ils aujourd'hui, ces Frères et les enseignants? Sont-ils encore en bonne santé et heureux de leur vie de retraite?
Aujourd'hui, la direction et le personnel enseignant de Taberd Saigon sont complètement dissous après 1975. Chaque fois que j’y reviens et reste debout devant la porte principale de Lasan Taberd Saigon, je me sens très triste et mon cœur est serré parce que le nom Lasan Taberd Saigon a été remplacé par une grande pancarte étrange "École publique spécialisée Trần Đại Nghĩa".
J'espère qu'un jour je reviendrais à la même place "Lasan Taberd Saigon" et pourrait encore voir tous les Frères et professeurs, les anciens camarades de classe de la vieille école avec des murs jaunes. Nous voudrions voir les étudiants de la prochaine génération dans la classe en écoutant des même anciens professeurs et Frères qui enseignent le français et l'anglais dans cette école où je l'avais déjà quitté il y a 38 ans…

Nguyễn Hồng Phúc
(Taberd 12B2 Année scolaire 72-73)
Édité par Nguyễn Chí Thân - Taberd 58-62
Mục lục
Cập nhật 12-10-2012